14 Novembre 2014

En « direct » de la surface de la comète

Après plusieurs rebonds à la surface de la comète 67P, Philae s’est finalement stabilisé contre ce qui semble être un gros bloc ou une paroi et les caméras de CIVA ont pu réaliser des images de l’environnement de l’atterrisseur.

Un véritable exploit

L’analyse des données émises par Philae et relayées vers la Terre par Rosetta cette nuit et ce matin donne une meilleure compréhension de ce qu’il s’est vraisemblablement produit au moment de l’atterrissage.

La précision du largage et de l’ensemble des calculs de trajectoire, auxquels l’équipe de mécanique spatiale installée au SONC (CNES de Toulouse) a très largement contribué, ont permis à Philae d’effectuer son 1er contact avec la surface du noyau de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko pratiquement au centre de la zone visée avec un décalage de quelques dizaines de m à peine.

C’est un succès presque incroyable, un véritable exploit, qui témoigne de la qualité du travail de toutes les personnes impliquées.

Panne des harpons

Malheureusement, alors que l’on craignait beaucoup un dysfonctionnement du système de largage et que celui-ci s’est finalement parfaitement comporté, ce sont les 2 harpons qui devaient ancrer Philae au sol qui n’ont apparemment pas fonctionné et qui n’ont pas pu empêcher son rebond.

À cause de la très faible gravité à la surface, Philae a fait une sorte de vol plané durant près de 2 h avant de retoucher le sol et de rebondir une seconde fois pour un vol qui n’a duré que quelques min.

Image obtenue le 12/11 à 14h19 m 22 s UTC avec OSIRIS-WAC. Philae est visible dans le cercle rouge. Crédits : ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA.
Image obtenue le 12/11 à 14h19 m 22 s UTC avec OSIRIS-WAC. Philae est visible dans le cercle rouge. Crédits : ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA.

Manque de Soleil

Cette seconde envolée s’est manifestement terminée au ralenti contre une paroi qui a arrêté la dérive de l’atterrisseur.

Les images panoramiques obtenues par les caméras de CIVA montrent que la position de Philae n’est pas optimale : un pied se trouve loin du sol et l’ensemble du corps de Philae est incliné, ce qui empêche une partie des panneaux solaires de recevoir la lumière solaire et de contribuer à la recharge de sa batterie.

Image prise par ROLIS alors que Philae se situait à près de 40 m de la surface. Le gros bloc mesure environ 5 m et les plus petits détails font quelques cm. En haut, une portion du train d’atterrissage est visible. Crédits : ESA/Rosetta/Philae/R...
Image prise par ROLIS alors que Philae se situait à près de 40 m de la surface. Le gros bloc mesure environ 5 m et les plus petits détails font quelques cm. En haut, une portion du train d’atterrissage est visible. Crédits : ESA/Rosetta/Philae/ROLIS/DLR.

La science est en marche

Le 1er vol plané a également eu pour conséquence d’entraîner Philae vers une zone dans laquelle la durée d’ensoleillement par jour est bien plus faible que ce qui était désiré, seulement 1,5 h par période de 12,4 h.

Philae semble se trouver en partie dans l’ombre de la paroi contre laquelle il s’est calé. Cela posera un problème pour le rechargement efficace de la batterie et pour l’utilisation des instruments lorsque la pile sera vide.

Tous les instruments sauf 2 ont d’ores et déjà été activés et ils ont collecté des données. Les scientifiques ont, pour le moment, empêché Philae d’effectuer des forages ou de déployer MUPUS, car ces actions pourraient, par réaction, provoquer un nouveau déplacement de l’atterrisseur. Ils procèdent donc pas à pas, engrangeant le maximum de données, et étudient le risque et l'avantage scientifique de modifier les séquences initialement programmées pour tenir compte de ces contraintes inattendues.

D'après les premières analyses des données de CONSERT, Philae se trouverait sur le bord de la grande dépression située près du site J (Agilkia), c'est-à-dire sur le site B. Le 1er rebond l'aurait emporté à 1 km d'altitude et à près de 1 km du site visé.

Rosetta est une mission de l’ESA avec des contributions de ses États membres et de la NASA. Philae, l’atterrisseur de Rosetta, est fourni par un consortium dirigé par le DLR, le MPS, le CNES et l'ASI. Rosetta sera la 1ere mission dans l'histoire à se mettre en orbite autour d’une comète, à l’escorter autour du Soleil, et à déployer un atterrisseur à sa surface.