12 Février 2010

Changement de cap pour la politique spatiale américaine : quels impacts pour l’Europe ?

Nommé il y a 2 jours pour un 3ème mandat à la Présidence du CNES, Yannick d’Escatha répond aux questions sur les récentes décisions du Président américain Obama, qui vient de changer radicalement l’approche de l’aventure spatiale américaine.

12 février 2010

Exploration : une vision à long terme

En annulant le programme Constellation, les Etats-Unis ont-ils renoncé à l’exploration habitée de la Lune puis de Mars ?
« Tout d’abord, M. Obama a renforcé la NASA, il a augmenté son budget annuel de plus d’1 milliard de dollars »
précise d’entrée le Président du CNES, auditionné à l’Assemblée Nationale le 9 février dernier.

« La commission Augustine a constaté que le programme Moon, Mars and Beyond n’était pas faisable dans les délais et le budget prévus ». Il aurait en effet fallu augmenter le budget annuel (10 milliards de dollars) de 3 milliards de dollars.

Pour autant, le président américain « n’a pas renoncé au vol habité ni à l’exploration ». Barack Obama prolonge en effet l’exploitation de la Station spatiale internationale au moins jusqu’en 2020 et privilégie dans un premier temps l’exploration robotique.

Il montre sa volonté de garder l'exploration et le vol habité au coeur de la stratégie américaine, en se recentrant sur l’innovation pour faire un saut technologique, assurant à l’homme sa capacité d’explorer l’univers de manière inédite.

« Le Président Obama a recentré la NASA comme agence d’innovation, je note que c’est précisément le positionnement stratégique du CNES. »

 

De nouvelles opportunités de coopération internationale

 

Autre point important : en augmentant le budget annuel de la NASA de plus d’un milliard de dollars, « il l’a rééquilibré au profit de l’observation de la Terre » qui devient une priorité clairement affichée. « Nous sommes heureux de cette orientation qui rejoint celle du CNES, dont la signature est depuis 2004 "De l’espace pour la Terre" », commente le Président d’Escatha lors de sa conférence de presse le 11 février.

 

Rover martien, composant le programme ESA-NASA Exomars, prévu en 2016 et 2018. Crédits : ESA
Rover martien, composant le programme ESA-NASA Exomars, prévu en 2016 et 2018. Crédits : ESA

« Une autre conclusion majeure de M. Obama consiste à ouvrir l’exploration à la coopération internationale », ajoute Yannick d’Escatha. La mission Exomars, qui explorera la planète rouge, désormais américano-européenne, en est une préfiguration.

« M. Obama commence par l'exploration robotique, sa priorité devient l'exploration de la Terre, il recentre la Nasa comme agence d'innovation, il développe un lanceur de nouvelle génération, et il ouvre l’exploration à la coopération internationale. Cela fait 5 points communs entre la politique spatiale américaine et celles de l’Europe et de la France » se félicite le Président du CNES. « Cela créera de nouvelles opportunités pour développer notre coopération »

Pour Yannick d'Escatha, l'exploration appelle « une gouvernance à haut niveau politique qui rapproche les nations, à la place d'une course à l'espace qui les divise ».

 

Sources :

AFP
Audition de Yannick d'Escatha à l'Assemblée Nationale
Conférence de presse annuelle de Yannick d'Escatha

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